---------- Introduction
Amandine, un truc magnifique sur le résultat-là c’est le regard du bonhomme. Excellent. Donc là, on va travailler …
Oui, c’est ça parce que le sujet est primordial dans un portrait. Il reste avant tout l’expression de la personne et ça passe par le regard. Représenter le regard est primordial parce que justement ça représente aussi une personnalité. Il y a une expression. C’est là où se dégage l’âme soi-disant. Donc s’il y a bien un détail à ne pas négliger, c’est l’expression à travers le regard. Après, tout dépend du soin qu’on y attache. Et ça peut être pas forcément aussi précis, aussi détaillé que certains grands maitres l’ont fait mais en tout cas, arriver à capter l’essentiel. C’est ça le secret.
Et là, j’ai demandé à Amandine de faire un gros plan, pas avec la caméra mais avec son art, avec sa technique, de faire un focus sur le regard. Et c’est ça qu’on va voir ensemble maintenant.
---------- Démonstration
On y va. L’essentiel dans un portrait, surtout dans un portrait réaliste comme on est en train de le faire, c’est le regard parce que toute l’âme, toute l’expression, toute la personnalité d’un individu se retrouve dans le regard. Donc c’est vraiment l’élément essentiel à ne pas rater et surtout à ne pas négliger.
Là, pour le bien de l’explication, on a fait un gros plan sur le regard. On a agrandi les yeux justement pour voir comment on travaille ça, comment mettre tout ça en avant. On va représenter déjà la chair de manière très brouillon on va dire simplement pour avoir une base.
Pour réaliser une teinte chair, c’est du blanc, du jaune, du rouge et une pointe de bleu mais selon la luminosité de la peau, que ce soit une peau blanche ou une peau un peu foncé, il va falloir adapter les couleurs. Par exemple ici pour une peau plus claire, on va prendre du jaune de cadmium et du rouge de cadmium. Mais pour les peaux plus foncées, on va privilégier l’ocre jaune, des terres, l’ocre rouge aussi. C’est vraiment adapter et selon toutes les proportions à utiliser, les proportions qu’on va exploiter, on va obtenir des nuances différentes.
Là de toute façon, ce qui nous importe c’est le regard même donc le reste de la peau n’a pas besoin d’être extrêmement fidèle. L’important est d’avoir un beau dessin puisque l’œil, la forme est importante. En général, l’erreur c’est de construire des yeux en forme d’amande. Ça on va dire c’est la forme géométrique si on résume ça à une simple forme géométrique. Mais par contre non parce qu’en anatomie, il y a quand même une formation. Il y a des paupières.
Là par exemple, c’est un monsieur qui est relativement âgé donc il a les paupières légèrement tombantes ce qui fait qu’on a un arrondi sur le dessus. Après, on a forcément le creux de l’œil. Il y a les lacrymales donc forcément on a aussi un petit coin de l’œil qui est rouge et ouvert. Les paupières ne sont pas toujours forcément arrondies surtout qu’il faut prendre en compte l’angle de vue aussi. Déjà la forme est importante.
Ensuite, ce sont les nuances. Par exemple, le blanc de l’œil n’est jamais vraiment blanc. Il est toujours teinté comme le blanc dans tous les sujets. Il est forcément teinté des couleurs de la lumière et des couleurs environnantes. Là par exemple, on a un blanc qui est légèrement beige rosé. Il y a le creux de l’œil ici, pareil. On sait que c’est du blanc mais ce n’est pas ce qu’on voit. C’est vraiment une couleur chair. C’est ça la difficulté, c’est d’arriver à représenter ce qu'on voit et non pas ce qu’on sait.
C’est un peu comme le travail de modelage ou de sculpture. On pose les formes, on essaie de dégorger au maximum, de préciser au fur et à mesure. Avant d’attaquer les petits détails de l’œil gauche comme font souvent la plupart des gens, on s’attaque dans un coin et on essaye de préciser au maximum. Effectivement, ce n’est pas mauvais de faire ça mais c’est mieux conseillé de faire déjà la globalité et de venir détailler au fur et à mesure. Si jamais il y a une erreur, ça veut dire qu’il va falloir tout modifier.
Ici, on va déjà apposer les sourcils et les yeux parce qu’on est dans une teinte très foncée. Le fait de créer des contrastes va venir créer du relief. Avec un autre pinceau, on vient rehausser certaines valeurs autour des yeux pour continuer le modelage en quelque sorte. Après, c’est un travail aussi de patience et d’observation, de précision. Plus on va affiner, finalement on en vient toujours aux mêmes règles. A la comparaison avec la sculpture, plus on va affiner le bloc de pierre, plus on va avoir un travail précis et magnifié.
La chose à savoir est que les yeux sont tous uniques, sont tous différents. Par contre, il y a une règle, c’est que l’iris est toujours cerné d’une ligne plus foncée, que ce soit des yeux bleus ou des yeux bruns, peu importe. Il y a toujours un cerne plus foncé. Et en plus de ça, c’est que le contour est toujours plus blanc. Le blanc de l’œil là pour le coup, on le voit davantage. Tout ça s’explique parce que l’œil est un globe donc forcément on a une lumière qui se pose ici comme sur une sphère.
Là, les couleurs que j’applique, c’est comme pour l’œil précédent. C’est de la couleur que j’ai nuancé selon la couleur chair mais je joue sur la transparence c’est-à-dire que là, ce sont des teintes qui sont bien diluées. Ce qui fait qu’on peut modifier comme ça les nuances sans recouvrir totalement ce qui a été fait avant. Donc on peut facilement jouer sur la différence de nuances sans avoir à tout refaire.
Avec un pinceau plus fin, on va pouvoir venir faire les petites pilosités : les sourcils, les cils qui sont discrets chez les hommes, peut-être un peu plus voyants chez les femmes mais en tout cas qui ne doivent pas être oubliées pour pouvoir justement créer plus de réalisme dans le regard. Évidemment, on ne s’amuse pas à représenter chaque poil pour voir. Ce serait une perte de temps et surtout ça va faire de l’hyper réalisme. Ce n’est pas vraiment ça qu’on recherche. C’est plus suggérer c’est-à-dire qu’on va représenter les zones d’ombres et lumières et ensuite, on va revenir avec certaines couleurs, certaines nuances pour accentuer cette mise en lumière.
Là par exemple, on avait fait la zone dans ce brun violacé. Là, je suis revenue avec du noir pour tracer quelques poils sombres. Et là, je reviens pour les sourcils avec plus de lumières. Pour que le regard soit vraiment profond, il faut arriver à faire un maximum de contraste. C’est pour ça que je reviens plusieurs fois sur la même zone pour arriver à avoir une peinture qui soit vraiment intense. Là pour le coup, je travaille sur les yeux, sur les iris et la pupille et les zones qui doivent être vraiment foncées. Je reviens avec du noir vraiment pur pour pouvoir créer ce contraste-là qui va au fur et à mesure donner une profondeur.
Et la touche finale, en tout cas celle qui est indispensable et qui change absolument toute la donne, c’est ce fameux éclat de lumière sur l’œil. Ça c’est la petite pointe de lumière, l’éclat qu’on voit sur chacun des yeux là où se reflète la lumière. Il donne vie au regard. La différence est saisissable. Par contre, le tout c’est de bien la placer parce qu’un éclat de lumière mal placé, ça fait l’effet inverse. Ca détruit complètement le regard. Par expérience, si jamais l’éclat de lumière n’est pas bon, on a l’impression que la personne est louche. Ça ne va pas du tout. Donc c’est pour ça qu’il faut arriver à comprendre que si la lumière vient de droite, l’éclat va être à droite parce que là, il faut vraiment voir les yeux comme deux sphères. C’est vraiment deux globes oculaires et du coup, la construction se fait comme s’il on peignait pour représenter une sphère.
On vient de voir le processus de réalisation d’un regard. Maintenant, on va le mettre en application sur notre tableau. L’échelle est plus petite mais ça n’empêche que le procédé est le même. J’ai oublié une couleur et je la rajoute : c’était l’ocre jaune.
Et le voilà ce regard. Magnifique.
On n’est pas exactement dans la fidélité au sujet parce que l’idée n’est pas de représenter toute la peau et tout. Mais par contre, c’était bien de comprendre la méthode.
Il a un petit coup de jeune là.
Oui. Mais l’essentiel c’est la méthode c’est-à-dire comment construire les yeux, éviter de faire l’erreur de faire les yeux en amande, ce n’est pas forcément le cas. Il y a toujours des petits arrondis, des faux plats. Et en même temps, la lumière qu’il y a à l’intérieur de nos yeux qui sont vraiment des boules de sphère. Donc il y a tout la lumière qui se pose dessus. C’est vraiment une méthode, une compréhension avant tout. Ce n’est pas si difficile que ça. Il faut juste comprendre ce qui se passe.
Observer.
C’est ça.
Ils disent tous pareils les artistes de la plateforme. Mais c’est vrai, c’est essentiel.
C’est essentiel. Et puis c’est surtout que c’est une compréhension. Une fois qu’on comprend ce qu’on voit et comment ça fonctionne, on peut dupliquer sur n’importe quel sujet, n’importe quelle manière.
Vous savez ce que je vais vous dire, allez-y. A vous. Au travail. Avant, prochain épisode ce sera ?
Les effets de texture.
Oui parce que là, il y a des poils, des cheveux, du tissu, etc. il y a pleins de trucs.
C’est ça.
On va se régaler. A très bientôt.