---------- Introduction
Valérie, dans cette série de découvertes des effets et des matières, tu nous fais quoi là ?
Une inspiration Soulages …
Oui on continue.
Mais dans le jeu des transparences.
Un hommage en fait. C’est une forme d’hommage.
Tout à fait. C’est vraiment tirer parti de tout ce qu’il a laissé comme idée aussi de technique puisqu’en fait l’exercice qu’on va faire ici ça va permettre d’utiliser ce qu’on appelle la raclure. En fait on racle. Ce n’est pas très joli comme mot mais c’est comme ça. C’est des raclures donc on va déposer de la peinture. On va en enlever grâce à des outils alors ça peut être des couteaux ou des choses comme ça. Et ça permet justement de révéler les couches du dessous.
Oui.
Et c’est ça en fait l’objet de l’exercice c’est qu’on va jouer sur la transparence et la vibration des couleurs par transparence.
On y va. Je suis pressé. Je suis impatient.
---------- Démonstration
Valérie on commence par le matériel. Vas-y.
Là j’ai choisi deux bleus différents donc un cyan et un phtalo, un peu de bindex pour diluer la peinture d’une couleur noire et toujours l’équipement de base qui est le mien qui est spalter, pinceau poil doux et couteau.
Très bien. Un support toilé.
Un support toilé rectangulaire qu’on va donc d’abord habiller de couleur c’est-à-dire qu’on va mettre un petit peu de bleu de façon un peu aléatoire, de façon très légère c’est-à-dire qu’ici on va chercher à avoir de la transparence donc on va mélanger le bleu avec du bindex pour justement bien étirer la couleur et avoir une couleur relativement douce sans perdre les propriétés de la couleur. J’étire pas mal la couleur.
C’est un fond donc on n’est obligé d’avoir un rendu qui soit parfait. On peut jouer sur les densités c’est-à-dire par endroit avoir un bleu un petit peu plus intense.
Là je prends l’autre bleu pour faire des variations de couleur.
Voilà. On va sécher.
Là on va appliquer la couleur soit au pinceau soit au couteau. Et le principe ça va être de l’appliquer donc là on va faire des zones relativement carrées, assez rapidement et sans trop appuyer de façon ce que la peinture puisse s’enlever puisqu’on va l’enlever en fait. Voilà donc on applique en couche relativement épaisse. Et là donc le principe ça va être vraiment de racler la peinture et de faire réapparaître le fond.
Si on racle trop de façon trop dure en écrasant un petit peu trop le couteau, on va récupérer le fond blanc. Si on utilise quelque chose d’un petit peu plus doux comme par exemple un spalter en caoutchouc, on va juste glisser sur la peinture et ça va permettre d’enlever juste la peinture noire et de garder un beau fond bleu. Ce qui va être plus esthétique.
L’intérêt c’est de varier justement les gestes et d’ouvrir une fenêtre sur la matière qui est en dessous. Il faut travailler rapidement puisque si la peinture sèche, forcément on ne pourra plus enlever la couche et on aura du noir qui restera présent en fait dans le bleu. Alors on va le faire cette fois-ci au pinceau donc là je vais faire une autre zone.
Il ne faut pas chercher à faire quelque chose de trop précis. On est vraiment dans un esprit d’improvisation. Là on va faire d’autres traces un peu différentes.
On va utiliser une troisième technique. On va poser également la peinture au spalter caoutchouc directement. Ce qui est assez pratique justement pour déposer la peinture.
Et là on va faire des choses un petit peu plus régulières.
Je n’appuie pas de la même façon partout de façon à garder quelques traces.
Là je vais laisser un aplat un petit peu plus intense en faisant juste une trace à l’intérieur. Je vais continuer là-haut.
Donc là j’utilise plutôt le coin du spalter.
Et là tout comme ici je laisse une zone un petit peu plus intense.
Je vais changer d’outil et de sens également.
Donc là je vais m’arrêter là pour les traces puisque je vais laisser un petit espace on va dire de respiration dans les zones de bleu. Ce que je peux faire simplement c’est terminer par rendre un petit peu plus irrégulier les bordures des traces noires de façon à ce que la couleur se fonde un peu dans le fond.
Alors un exercice qui permet vraiment de laisser la couleur vibrer, de donner vraiment une vibration avec des gestes toujours simples. Moi c’est ce que j’aime beaucoup dans ça. On a à la fois du geste simple et de la spontanéité qui permet au final juste avec 2 voire 3 couleurs de réaliser quelque chose de vibrant.
Oui. Il ne faut pas insister sur le nombre de couleurs je crois et c’est bien de rester comme ça un peu en monochrome.
Et surtout accepter l’accident c’est-à-dire que ce qui est important là-dedans c’est qu’on a vraiment des choses très aléatoires. Il ne faut pas chercher le parfait, le trait carré pour vraiment y aller.
Non sinon ça va ressembler juste à une mosaïque. A vous maintenant. Au travail. Et au plaisir.