Nicolas.
Frédéric.
Pierre Bonnard.
Pierre Bonnard.
Première épisode.
On va appeler ça la première séquence Le nabi très japonard.
Ok je te suis
On verra…
Je te suis
Pourquoi cette appellation…
Ah oui
Ce n’est pas mon invention,
Ah d’accord.
Cette dénomination.
Ah bon je pensais que tu avais…
C’était son surnom.
Ok.
C’était son surnom…
La nabi très japonard ?
Qui correspond à la première période de sa carrière de peintre.
D’accord c’est ce qu’on va découvrir ?
C’est ce qu’on va découvrir maintenant.
On y va.
Et on regarde une première image.
Ok ça marche.
Ben le mieux c’est de commencer par un autoportrait.
Tu m’as promis que j’allais aimer.
Je pense que oui. Tu nous diras à la fin.
Un artiste qui est moins connu peut-être mais pourtant tellement important dans l’Art du XXème siècle.
Et tu dis qu’il est de plus en plus reconnu ?
De plus en plus oui effectivement. Et à l’époque, quelques grands collectionneurs avaient repéré cette modernité de son art.
D’accord.
Alors lui il est né en 1867…
Ok.
Dans une ville Fonteneau rose donc en banlieue parisienne…
En banlieue parisienne.
D’une famille bourgeoise puisque son père était au ministère de l’armée.
Oui.
Et lui fait des études de droit. Et cet autoportrait il est effectué…
Au moment oui tout à fait avec ses petites lunettes…
Oui oui.
Ce costume.
Ce binocle-là et les pinceaux oui.
Et les pinceaux.
Oui oui.
Alors à 20 ans il a sa licence de droit.
D’accord.
C’est très bien mais en même temps en parallèle il suivait… il a suivi 1 an à des cours de l’école des Beaux-Arts…
D’accord.
Et puis il fréquentait l’académie libre l’académie Julian…
Ok.
Très important qu’il rencontre des artistes qui deviendront ses compagnons peintres qui seront les futurs Nabi. Et justement on va déjà évoquer les Nabi dans un instant.
D’accord ok.
On regardera d’autres portraits de Pierre Bonnard un peu plus tard si tu veux.
Je le veux.
Je te montre ici une peinture qui est très célèbre dans l’art.
J’aime bien.
C’est un tout petit format. Elle n’est pas de Pierre Bonnard celle-là par contre.
D’accord oui oui.
Alors je te la montre parce que c’est un manifeste. Le peintre s’appelle Paul Sérusier.
Oui.
Paul Sérusier on est en 1888, il est à Conta Vel.
1888 d’accord.
Et à Conta Vel il y a le grand Gauguin. Je dis le grand Gauguin parce qu’effectivement son influence sera déterminante…
Importante oui.
Dans cette nouvelle génération…
D’accord
De la libération de la couleur et puis cette inspiration dans un art exotique non occidental ou européen. Et alors là sur une petite boite à cigare, c’est un petit format ça doit faire 30/40 de côté, et bien ils sont en extérieur donc et ils peignent et sous la dictée de Gauguin…
De Gauguin ?
Comment voyez-vous la couleur de ces ombres ? Bleu et bien mettez-y du bleu. Et ceci rouge et bien mettez-y du rouge. Et c’est une peinture très instinctive qui est construite non pas par la ligne mais par la couleur. Et quand il revient à Paris il montre servi et ses peintures à ses amis…
Oui ?
Et là on est séduit on est enthousiaste.
D’accord c’est la révélation.
C’est la révélation…
D’accord.
On décide de créer un nouveau mouvement artistique.
Ok c’est pour ça que tu nous montre ça.
Et Pierre Bonnard va faire partie de cette aventure qui va durer une dizaine d’années des Nabi. Alors les Nabi c’est un mot hébreu qui veut dire les prophètes.
Oui voilà ok.
Et ces Nabi, il y a Pierre Bonnard…
Oui.
Il y a Maurice Denis que tu connais peut-être qui a beaucoup peint de gros religieuses…
D’accord
Il y a Valloton également Félix Valloton. Et puis surtout il y a Edouard Vuillard. Edouard Vuillard travaillera très longtemps avec Pierre Bonnard.
D’accord.
Ensemble ils seront très intéressés par le théâtre par la décoration. Et ils ont le même âge tous ces artistes. Ils ont la même manière de voir l’Art c’est-à-dire moins être les suiveurs de l’impressionnisme mais plutôt aller vers autre chose. C’est la grande découverte de l’Art japonais.
Ici le… ça c’est le premier tableau que j’ai décidé de te montrer de Pierre Bonnard.
C’est la mode d’accord.
C’est… En réalité c’est un paravent.
Ok.
Un paravent de 3 feuilles qu’il réalise en 1889 dans la foulé.
Oui.
Et il collectionne déjà les estompes japonaises Pierre Bonnard comme beaucoup de ces artistes Gauguin aussi et bien d’autres. Et ce qui le fascine, ce qui les fascine à cette époque en Orient c’est cette liberté prise par ces artistes japonais dans le traitement notamment de la perspective. Les surfaces sont à plat.
Oui tout à fait tout à fait.
Ce gout du décoratif qui n’a rien de péjoratif du tout et puis cet amour de la nature. Et là Pierre Bonnard réalisera durant cette période j’ai choisi de te montrer ce beau paravent avec ces oiseaux mais il en réalisera toute une série durant cette période.
D’accord.
C’était le plus passionné par cet art japonais d’où son surnom le nabi très japonard.
D’accord.
Maurice Denis le religieux était appelé le Nabi aux belles icones. Voilà chacun avait son petit surnom.
D’accord oui c’est adorable.
Et puis Pierre Bonnard qui est un intellectuel qui lit beaucoup aura d’autres expériences dans d’autres techniques. C’est aussi le moment très intéressant dans l’Art où les peintres ne font pas que de la peinture sur toile. On s’intéresse au paravent comme on vient de le voir…
Oui oui.
Mais ici Pierre Bonnard et bien il réalise la première affiche moderne. Un peintre c’est lui. On lui commande France Champagne, cette affiche où il montre cette jeune femme alors c’est une merveilleuse trouvaille. Quand on voit cette torsion de la figure de la femme, cette chevelure qui ressemble… qui semble pétiller comme le champagne qui déborde…
Oui oui c’est pareil c’est pareil avec les bulles.
Il y a un écho comme ça…
Oui.
Une écriture un graphique qui est très dansante également. C’est très inspiré c’est très affiche Art nouveau finalement.
Ah oui oui oui oui.
C’est un grand succès. Alors à ce moment-là quand il réalise cette affiche on est en 1891, il a un beau succès. Il gagne une somme d’argent assez importante. Il était déjà à la cour il se rendait tous les jours à la cour et d’ailleurs il dessinait entre 2 audiences il faisait ses petits croquis…
D’accord.
Il a très vite allié les deux.
Les deux oui
Mais suite au succès de cette affiche, il laisse le droit…
D’accord.
Et se consacre entièrement à l’Art.
Et juste après pour te dire un peu la reconnaissance pour cette affiche de Pierre Bonnard, c’est le Moulin Rouge pour lequel il faut dessiner une affiche.
C’est ça
Et il est en concurrence avec Debray. Et finalement c’est Debray qui la réalisera.
Ben oui. Mais quand même tu vois quand on parle on a la même…
Première affiche moderne donc c’est un jalon également. C’est intéressant.
Les Femmes au jardin. Les Femmes au jardin, 4 panneaux qu’il avait prévus d’assembler en paravent encore une fois. Et puis finalement non il écrit à sa maman il y a une correspondance intéressante à lire de Pierre Bonnard avec ses proches. Il dit à sa mère écoute c’est vraiment trop beau finalement je ne vais pas les présenter en paravent.
Ces 4 femmes alors on pourrait y voir une certaine allégorie des saisons peut-être.
Oui
C’est vrai.
J’ai pensé à ça tout de suite après…
Et puis on y retrouve un peu encore comme dans la tradition japonaise finalement c’est cette perspective très libre tout est travaillé à plat à motif.
Oui.
C’est quelqu’un qui s’intéresse beaucoup justement aux motifs au côté décoratif la figure le… par rapport… insérer… insérer une figure dans un flou décoratif, un art très en mouvement c’est la ligne cours de l’art nouveau. Le chien qui saute au premier plan qui apporte beaucoup d’animation. Des œuvres qui ont été donc présentées non pas comme des paravents mais…
Sur panneaux.
Détachées sur panneau sur un même mur.
D’accord.
Le portrait de sa sœur.
Ok.
C’est une famille Bonnard où il y a 3 enfants. Et lui est celui du milieu des trois. Il y aura un frère. Ici je te montre le portrait de sa sœur André qui épousera le compositeur Terrasse, quelqu’un de très important dans la musique. Et ici on la voit toujours pratiquement disparaitre j’ai envie de dire derrière ce corsage d’ailleurs c’est le titre du tableau Le corsage à carreau.
Oui oui.
Donc…
Il y a un chat c’est ça ?
Oui il y a un chat.
C’est un chat ?
Il y aura souvent les animaux chez Pierre Bonnard.
D’accord.
Et le chat est un animal…
Ça contraste bien.
Fétiche chez lui…
D’accord.
Qui sera d’ailleurs souvent associé à la femme. C’est un peintre de l’intimité. Et le chat incarne aussi souvent cela.
Oui d’accord.
Il y a un côté jeu aussi puisque sa sœur avec la fourchette pioche dans l’assiette tandis que le chat répète en écho avec sa patte. Oui il y a beaucoup d’humour. C’est quelqu’un qui a un air un peu pince sans rire peut-être si on regarde le premier portrait qu’on a vu…
Oui oui.
Mais qui est vraiment quelqu’un de très savoureux dans l’humour…
D’accord.
Qui est bercé dans la pâte à physique. Il a travaillé avec Alfred Jarry ou [.] notamment.
D’accord.
C’est une figure Pierre Bonnard vraiment.
Ça marche.
Tu retrouveras ici certainement un peu se dissimulant un peu comme dans un cachecache dans la nature, sa sœur encore avec une robe à carreau dont la partie de croqué, voilà celle l’extérieur où les figures dans la nature sont travaillées en aplat un peu dans la manière de simplification, je dis à l’art japonais mais également du travail des dessins d’enfant.
C’est quelqu’un qui va souvent avoir une manière notamment dans les chats quand on regarde les chats chez Pierre Bonnard, on a des aplats de couleurs assez surprenants.
L’expérience avec les Nabi, ce japonisme chez lui va durer une dizaine d’années à peu près. On peut dire c’est la première séquence de son travail…
Donc fin ?
Au moment où oui sa peinture était très très proche de celle d’Edouard Vuillard. Sauf qu’Edouard Vuillard lui passe la moitié de son temps pour le théâtre où il réalise des décors.
D’accord.
Ici on parlait de musique à l’instant. C’est un solfège illustré pour son beau Frère le compositeur Terrasse. On parlait de l’humour. Et tu vas voir ici qu’apprendre la musique avec un livre illustré par Pierre Bonnard c’est un vrai plaisir parce que quand il doit expliquer les notes et bien la blanche effectivement c’est cette figure sans couleur sans encre noir.
Quand tu vois la croche elle a les cheveux tout crochus. Et puis la ronde est 2 fois plus grosse pour marquer le temps du rythme de la musique. Ça c’est très savoureux également. Donc tout est expliqué visuellement.
C’était un rigolo c’est ça ?
Oui tout à fait c’est le moment de la jeunesse également.
Oui fin du siècle fin XIXème il a quand même une quarantaine non ?
Là oui c’est vrai c’est le moment où il est oui il est encore ohé oui c’est vrai. J’ai tendance à vouloir le dire c’est à peu près moi-même peut-être. On se sent encore jeune.
Moi oui.
C’est le moment où il est surtout il est amoureux.
Ah.
Et je vais te présenter dans un instant la femme qui va marquer sa vie définitivement.
D’accord très bien.
Encore une affiche ?
Encore une affiche pour une revue d’avant-garde La revue blanche. Le directeur était Adena Tenson, un grand collectionneur d’Art. Et il commande souvent à des artistes pour sa revue, des illustrations. Il insère dans ses publications des poèmes. C’est une personnalité marquante également.
Ici cette affiche est belle par le jeu de l’écriture.
Oui.
Il y a quelque chose de très stylisé dans son travail. C’est quelqu’un de très fin Pierre Bonnard. Même s’il travaille ici sans couleur, il y a vraiment une belle qualité dans cette affiche toujours de cette femme mystérieuse qui correspond à l’époque 1900 Art nouveau.
D’accord d’accord.
Et là il a rencontré il a… ben il a rencontré Marthe…
Oui ?
A l’âge de 25 ans. C’est une marchande de fleur artificielle…
D’accord.
D’une grande beauté et qui va le séduire et qui va réussir à percer un peu la carapace d’un jeune homme qui est quand même réputé pour être extrêmement timide.
D’accord.
Et elle va d’ailleurs même lui mentir. Elle s’appelle Marie Boursin en réalité. Et puis elle se nomme je m’appelle Marthe de Méline, prétendant ce qui n’est pas le cas du tout des origines…
Noble ?
Très importantes.
D’accord.
Il découvrira alors ça c’est assez dramatique parce qu’à la fin de sa vie effectivement elle découvre qu’elle lui a menti.
Elle lui a menti tout le temps ?
Et ben il découvre ça à la fin et figure-toi qu’il sera dépossédé lors de la succession après le décès de sa femme avant lui, de la moitié de son atelier. Mais il va aller enfin on va voir l’évolution quand je te parle d’une femme qui va marquer son art et sa vie dans les deux sens, dans le bon comme dans le mauvais.
D’accord ok.
Dans un premier temps, c’est la passion amoureuse qui va marquer la rencontre. Elle est pratiquement dans tous ses tableaux de cette période. Au total on a compté Marthe apparaitra presque 400 fois dans les peintures de Bonnard, alors pas souvent comme le personnage principal.
Mais ici le tableau qu’il appelle la Femme assoupie sur un lit sous-titré L’indolente. Alors il y a un côté presque un peu voyeuriste pour celui qui regarde le tableau avec un léger surplomb pour le spectateur qu’on est de cette femme ouverte j’ai envie de dire offerte dans la position, les plis des draps qui sont assez évocateurs de la scène d’amour qui a dû précéder
Et puis malgré tout on est dans une certaine… un goût du mystère un goût de l’étrange, un érotisme un peu sulfureux qui correspond à la grande période du symbolisme. Pierre Bonnard est très intéressé par le théâtre symboliste. Il participe à cette aventure. Regarde sur la droite de l’image.
Oui ?
On a un profil assez mystérieux. On se demande si ce n’est pas un profil un peu monstrueux comme ça.
On peut deviner plein de trucs oui oui…
Oui.
Mais c’est étrange quand même.
Est-ce la visualisation d’un cauchemar ? enfin c’est quelque chose de très très dérangeant
Oui oui oui.
Glauque enfin.
Oui oui oui alors que, associé à ce nu qui en principe… les plis des draps d’ailleurs évoquerait également une figure un petit peu étrange étonnante enfin c’est assez particulier.
Non après on peut voit ce truc partout mais…
Oui oh oui.
Ça fait un peu cauchemardesque un petit peu.
Oui.
Ok donc c’est elle c’est elle.
Alors l’image suivante…
Oui ?
Et bien c’est encore Marthe. Et c’est lui certainement aussi mais pas seulement peintre Bonnard le peintre c’est quelqu’un qui regarde la réalité mais qui la transcende toujours. C’est le peintre de l’intimité mais c’est plutôt le peintre du souvenir. Il ne peignait jamais sur le motif.
D’accord.
On verra d’ailleurs dans la deuxième séquence des paysages postimpressionnistes avec cette même petite touche. Par contre il travaille avec des dessins préparatoires et puis ensuite sur des grands formats très souvent il fait appel à ses souvenirs et un cadrage qui montre certains détails qu’il veut mettre en avant.
D’accord il s’arrange avec la réalité comme pour…
Et là…
Il interprète.
C’est une peinture très composée très structurée. Le couple l’homme et la femme on a l’impression de l’image de la seconde d’après ou après l’indolente Marthe…
Ah oui.
Elle vient de se lever ou de se réveiller ou alors c’est l’instant avant le tableau qu’on vient de regarder. Ils ont fait l’amour. Lui va partir puisqu’il se rhabille et elle va devenir l’indolente qui est le tableau qu’on vient de regarder.
Oui oui.
Ici il y a une séparation entre les deux.
Oui.
Par un paravent. C’est amusant ça ? Paravent Bonnard a beaucoup parlé de paravent à cette époque. Alors le paravent a tendance à les séparer. Mais ce tableau en réalité il est vu à travers un miroir. Il y a un jeu de miroir et d’effet inversé.
D’accord
Donc… mais tu verras que l’miroir est un accessoire qu’il utilise énormément Pierre Bonnard.
Ah oui d’accord.
C’est un reflet de la réalité mais une image déformante de celle-ci…
D’accord.
Pas la fidélité par rapport au motif lui-même.
Ok.
Alors on a un peu l’impression justement comme dans les huit clos du théâtre symboliste de l’époque, notamment chez Materlignes. Il y avait une pièce à l’époque qui était… ça s’appelait Intérieur, et on voyait un vieillard qui était en train de regarder cette famille à travers la fenêtre, un bonheur domestique qui sera interrompu par un drame d’un décès enfin c’est vraiment très ancré son inspiration dans ces registres-là.
L’érotisme, le gout du mystère, de l’étrange, le symbolisme. Et ici une très belle expérience avec la littérature et avec un des très grands poètes français, peut-être un peu maudit c’est Verlaine, Paul Verlaine.
D’accord.
Cet ouvrage lui a illustré…
Co-illustré de Verlaine ?
Illustré Verlaine oui. C’est le marchand Ambroise Vollard qui fait appel à Bonnard pour illustrer un livre qui sera assez sulfureux. Il est très scandaleux Verlaine. Et pour ne pas éveiller les soupçons…
Oui.
Pour ne pas être censuré, il va créer cet ouvrage qui est une compilation de différents poèmes et textes : parallèlement.
Et parallèlement c’est vrai qu’on est un peu à la marge. On est un petit… le terme américain borderline vraiment un petit peu équivoque. Il y est question d’un érotisme d’amour saphique parfois, de celle de bordel, de prostitués, de courtisanes, de demi-mondaine. Et là effectivement Vollard pense à Pierre Bonnard. Il a vu les peintures qu’on vient de regarder l’instant…
Oui d’accord d’accord
Et il se dit ça va magnifiquement s’insérer dans cet ouvrage.
Ça va lui plaire ça va… ok
C’est un livre de bibliographie… de bibliophilie pardon. Il y a ici une très très belle réciprocité ou échange entre le texte et les dessins à la sanguine viennent littéralement s’insérer et faire corps avec le texte…
D’accord.
Dans les marges.
Ce que tu as choisis-là c’est super.
La belle écriture qui est une écriture qu’utilisaient des livres à l’époque de François premier : l’écriture garalde. Donc il y a un livre ben finalement qui n’aura pas de succès. Ça c’est vraiment dommage à l’époque mais qui est vraiment une belle expérience que Vollard a beaucoup aimée d’ailleurs. L’année suivante rebelote. Il recommande à Vollard un autre ouvrage à illustrer.
On peut lire peut-être un mot ou deux où là « elle, elle a, ta chair, le charme sombre, elle en a de l’ombre, elle a de l’ombre ». Ça c’est vraiment tout à fait un petit peu les images de femmes qu’on voit à l’instant à l’époque dans la peinture de Bonnard.
Alors Bonnard est un artiste qui sort qui va au théâtre.
D’accord.
Et ici c’est la loge la loge. Donc ici c’est vrai… c’est vrai que le théâtre c’est l’endroit où on va pour voir mais être vu aussi. Et on y voit ces 2 belles femmes élégantes…
Oui.
Qui sont encadrées par leurs maris. Et les deux hommes dont celui du centre d’ailleurs la tête est coupée volontairement par Pierre Bonnard je parlerai de calage photographique tout à l’heure peut-être on verra davantage par la suite, ce sont ces 3 marchands : les frères Bernheim.
Ah ?
Bernheim…
Il lui coupe la tête.
Très important. Oui c’est vrai il coupe la tête de son marchand en tout cas dans le tableau.
Il n’aurait pas dû.
Mais très très fidèle à ses marchands.
D’accord.
Il est quelqu’un d’une modestie d’une discrétion Pierre Bonnard. C’est peut-être aussi pour ça qu’on le connait moins aujourd’hui mais qui leur fera confiance et toute sa vie ne demandera jamais d’augmentation. Le cours sera toujours celui fixé par les frères Bernheim. La richesse des couleurs on avait dit en introduction Bonnard séduit beaucoup par l’originalité de son regard…
Oui oui
Mais par les couleurs.
Les couleurs aussi.
Les couleurs déjà c’est un grand coloriste dès la période des nabis. Là on est en 1908 …
D’accord.
Donc la période Nabi était terminée.
C’est terminé, l’expérience nabi est terminée.
Oui.
D’accord ok.
Il est encore Parisien mais il est un intellectuel artiste c’est-à-dire qu’il visite beaucoup le Louvre. Et il va avec Vuillard qui en a beaucoup plus parlé dans ses écrits, regarder beaucoup Willem la peinture espagnole : les rouges, les grenats, les orangés de la peinture de Velasquez…
D’accord.
De Goya…
D’accord.
C’est un travail sur la peinture des maîtres anciens qu’il retraduit par la couleur. Des couleurs qu’on ne croise à l’époque que dans la peinture de Bonnard. Tu verras tout à l’heure.
Ici il montre ces 2 marchands, les frères Bernheim dans leur bureau toujours à la même… Alors là on est en 1920 mais avec ce même commentaire pour les couleurs…
Oui.
Surtout la gamme de violet.
C’est beau là.
Les violets sont très rares chez les peintres. Si tu as remarqué, très peu d’artistes nous la montre cette peinture. Alors Bonnard dira qu’il n’est pas intéressé par l’impressionnisme. Mais il va s’installer là on est déjà en 1920.
Oui.
Alors il va encore peindre beaucoup il y aura toujours un point d’ancrage à Paris à Montparnasse à l’atelier
Ok.
Où il reviendra régulièrement.
Très tôt il passe son permis et de conduire j’entends et il sillonne la France. Il part aussi en Italie…
Oui bien sûr
Il fait quelques voyages en Espagne.
Les voitures sont là ça y est.
Les voitures sont arrivées. Et il va acheter une maison et ça c’est important une maison de campagne à Vernonnet en Normandie…
D’accord.
Près de Vernon et surtout pas très loin de Giverny. Et il rend visite à Monet.
Alors Monet il dit qu’il n’a pas regardé l’impressionniste Bonnard. Par contre c’est le Monet de la fin qui l’intéresse, le Monet des grandes Nymphéas, le Monet pratiquement abstrait, le Monet du Violet j’ai envie de dire aussi de cette couleur. Il a eu un problème de vue Monet. C’est peut-être une raison qui expliquerai l’emploi aussi intensif d’une couleur qui est pourtant paradoxalement très rare dans la nature.
Et alors Bonnard effectivement lui va beaucoup jouer avec les jaunes et les bleus. Et associés ensemble on ira vers cette couleur qui tend vers les violets. Note aussi que la table de travail ça c’est travaillé dans un blanc qui pour lui est une couleur très importante. C’est elle qui permet justement d’organiser et d’équilibrer toute la composition chromatique. Et ces blancs justement absorbent une partie des couleurs environnantes.
Oui oui oui oui exact.
Et ces blancs sont très actifs dans sa peinture sont magnifiques.
Exact.
Très très beau.
Oui.
Alors ce cadrage avec une porte avec un tableau coupé ce sont ces cadrages-là… il fait de la photo Pierre Bonnard. Il fait des photos de marques notamment. J’en parlerai sans doute un peu plus tard. Ça l’inspire beaucoup dans son travail de compositeur dans le cadrage.
Ok ça marche.
Et puis on a une scène j’ai envie de dire bonnardienne par excellence. Marthe c’est vrai mais Marthe à la toilette. Et là cette peinture très belle qu’il appelle le Cabinet de toilette ou l’eau de Cologne puisqu’effectivement elle tient dans la main un flacon de parfum. C’est une image également très très travaillée avec un jeu de mise en abime très très compliquée.
La bassine d’eau que tu regarderas dans le bas, elle reflète une partie de la lumière de la fenêtre.
Oui.
Sur le cabinet sur la table de toilette il y a également un miroir qui reflète en face donc non vu dans la peinture hors champ on pourrait dire en cinéma…
Oui oui
Un buste mais qui n’est pas celui du nu de Marthe. Ça ressemble à un nu antique.
Ah oui ?
Avec une chaise également, ce travail avec l’installation de la lumière qui vient jouer sur le corps de Marthe. Alors Marthe effectivement elle est présentée beaucoup dans ces nus très sensuels comme on l’a dit aussi, des nus un peu… même très érotiques…
Oui.
Alors qu’elle est… c’est une femme malade Marthe. Elle est d’une santé mentale très fragile.
Ah ?
Elle passe… elle a l’obsession de la propreté et elle passe son temps à se laver et à laver et ça va aller de mal en pis. Et elle fera le vide autour de Pierre Bonnard. Les amis peintres les Nabi Vuillard et tout ça la qualifie presque excusez-moi l’expression mais d’emmerdeuse.
Oui oui.
Elle va elle va…
Ah ce n’est pas dans sa peinture ?
Alors ici ça ne se sentira pas dans la peinture. Pierre Bonnard va montrer une palette une peinture qui chante mais comme il le dira très bien également : « celui qui chante ce n’est pas forcément quelqu’un d’heureux ». Il ne faut pas s’y tromper la peinture, c’est la peinture du bonheur mais lui la sienne divine ne l’est pas. Mais jamais il ne le laisse transparaitre.
Il ne la laisse pas tomber alors ?
Non jusqu’au bout tu verras qu’il lui sera fidèle.
D’accord.
Il y aura le mariage mais les scènes vont évoluer. Et la géographie également de Pierre Bonnard va évoluer. Ici on est en 1908.
Oui toujours du siècle.
C’est intéressant parce que l’année suivante grâce à l’automobile aussi, il va découvrir le midi. Et là il va aller acheter une maison au Cannet : la villa le bosquet. Et ça deviendra l’univers de Pierre Bonnard et sa femme où chaque objet du quotidien finalement deviendra un motif de la peinture.
Un sujet de motif d’accord.
Il y aura une… c’est ce qu’on verra dans la deuxième séquence la prochaine fois…
Ah n’en dis pas trop.
Des scènes d’atelier, beaucoup de nus de Marthe mais moins glorifiant moins sensuels…
D’accord d’accord d’accord.
Et puis quelques autoportraits également où là seulement là il traduira un certain mal-être parfois.
Oui ok.
Le midi
Que l’on voit… on ne voit rien là.
Je vais conclure là-dessus.
Je te laisse faire.
Il a dit : « c’est bon, j’ai eu un coup des milles et une nuit. » Et c’est vrai que cette lumière magique va encore orienter…
Ah oui d’accord le midi.
Le midi.
D’accord oui oui.
Oui.
En découvrant le midi.
Et il y a au moment où effectivement il y a cette lumière qui transparait à travers les arbres, il appelait ça l’heure bleue. Ça c’est très très beau c’est ce qu’on verra la prochaine fois.
Super. Ben c’est magnifique c’est parfait. Je suis impatient d’en savoir autant que toi. Ça n’arrivera jamais. Non ça va autant sur ce terme-là. On se retrouve très bientôt pour la suite.
Merci.