---------- Introduction
Tu vas nous réaliser une œuvre, une application avec des couleurs froides.
Donc avec trois couleurs mais travailler dans la gamme froide : un rouge, un bleu, un jaune.
En fait, des primaires enfin adaptés mais froid.
Mais avec une dominante froide.
Ce n’est pas évident à comprendre on va dire par rapport à ce qu’on nous enseigne académiquement. C’est super intéressant.
Le cercle chromatique est très important. Le nombre des couleurs est très important. Nommer vos couleurs, c’est très important.
On y va. On te regarde.
---------- Démonstration
Je vais faire une petite application en gamme de six couleurs. Donc deux applications avec les mêmes couleurs qui vont donner deux ambiances totalement différentes.
Mes études ont été faites, mes préparations ont été faites. Un simple petit rappel peut-être mais bon, le papier dans l’ensemble va sécher. On devra le remouiller puisqu’une fois que papier a été monté sur le châssis, il faut démarrer tout de suite.
La petite recherche rapide de couleur donc le bleu outremer. Je vais mettre mon bleu pour voir toutes les déclinaisons que va m’offrir cette palette. Le bleu Windsor vert donc c’est un bleu qui tire vers les jaunes. Ça, vous allez … on commence à comprendre. Après, le violet dioxazine qui tire vers les rouges. Je vois toutes les déclinaisons possibles. Le magenta.
Pour assombrir, je vais mettre mon vert Windsor bleu et mon orange transparent que je n’ai pas encore placé. Ça c’est ma petite couleur occasionnelle, très puissante qui va me permettre d’obtenir de riches sombres.
On mélange avec le … donc cherchez toutes les gammes de tons que vous pouvez obtenir. Faites-les bouger. Donc vous pouvez mettre une dominante orangée si vous voulez une gamme plus chaude ou vous pouvez mettre une dominante plus bleutée, plus verdâtre si vous voulez une gamme froide.
On va commencer par la gamme froide. Mon papier, il est encore mouillé suffisamment. S’il n’est pas mouillé, on remet de l’eau. C’est toujours les côtés qui sèchent en premier donc n’hésitez pas à remettre de l’eau si nécessaire.
Ce que j’ai oublié de dire quand vous achetez une nouvelle palette, passez un petit peu de papier de verre dans les petits interstices de vos couleurs pour que la couleur accroche bien. L’ambiance générale que je veux mon travail c’est une ambiance bleutée alors une ambiance froide.
On place toujours les masses en premier. On observe ce qui se passe. On essaye de ressentir les choses parce que l’eau va toujours avoir envie de vous emmener où elle veut, pas forcément où vous avez envie. Donc à vous de voir.
Toujours bien s’aider en dessous pour bien faire bouger et bien faire fuser l’écoulement. Patience.
Donc mes gris colorés. Créez votre atmosphère un peu à la fois. Il ne faut pas vouloir aller trop vite. On construit, on déconstruit on laisse les pigments jouer. Vous êtes en communication avec ce qui se passe là sur votre papier.
Créez des plans différents. Les mélanges se font sur mon papier, pas sur ma palette. Tout ce qui se passe au-dessus de l’eau se reflète dans l’eau évidemment. Aidez-vous toujours d’une petite feuille pour tester vos couleurs.
Vous voyez, je réchauffe avec une couleur complémentaire de toute cette gamme de bleu donc dans les orangés. La couleur est très puissante, très forte, pas cinquante couleurs.
Un petit rappel, il faut que le regard voyage. Soyez inventive et créative. Évitez les gestes trop systématiques. Donc mon orange Windsor, mon vert Windsor bleu donnent de beaux tons orangés, cette végétation.
On patiente. C’est un peu tôt pour agir. Le papier brille encore. On travaille en observant toujours. On travaille une aquarelle dans son entièreté et non pas la partie de droite puis la partie de gauche. Vous manquerez d’unité et d’homogénéité dans votre travail.
Voilà le pinceau éventail qui permet quand on travaille des grands formats, d’arriver à un graphisme intéressant et plus rapide qu’avec un tout petit pinceau mais tout est important. Donc toujours faire attention à l’hygrométrie de son pinceau par rapport à celle du papier, toujours rééquilibrer les valeurs.
Quand vous faites un trait de pinceau, pensez toujours à respirer. Ne retenez pas votre respiration, votre travail va être tétanisé. Ici, c’est encore bien humide. Vous voyez le ciel, je n’ai pas eu envie d’y toucher. C’est mon choix. A vous de travailler votre ciel plus que votre eau si vous avez envie. Tous les choix doivent être faits en amont pour pouvoir vraiment être à l’écoute de tout ce qui se passe dans cette humidité qui veut vous emmener vers des mondes fascinants.
Vous voyez, mon papier est penché. Si j’ai envie que cette partie-ci sèche alors que je veux garder l’humidité vers la droite, je le penche dans le sens où je veux que l’eau coule. A l’instant, je travaille simplement avec mon pinceau chargé d’eau pure. C’est tout aussi fascinant que de travailler avec le pinceau chargé de couleurs. Ça c’est vraiment le travail. C’est pour ça qu’on aime le travail dans l’humide.
S’il y a quelque chose qui me gêne, c’est un peu tard pour essayer de corriger mais… Patience, il y a des choses qui se passent. On patiente. On patiente encore. Tant que votre papier n’est pas complètement sec, il travaille.
Toujours revenir sur ses traits en faisant attention de ne pas gouacher surtout. Et ici, je tiens le châssis comme ça. Et je vois que les couleurs tombent vers le bas évidemment. Et c’est ce qui va me permettre de donner de la profondeur à mes reflets d’eau.
On voit des gris colorés qui se sont formés sans avoir trop chipoté dedans. Vous voyez, ça s’est formé. Il faut laisser faire les choses. Vous voyez ici un pigment qui granule un peu donc il y a de la sédimentation. Patience.
Si maintenant on le remet à plat, il faudra faire attention parce que l’hygrométrie là est moins importante que là. L’eau va vouloir aller vers la partie vers le haut du châssis.
L’implosion des couleurs s’est faite indépendamment parfois de notre volonté. Mais à force de travail et de connaissance, vous savez les reproduire. Vous comprenez ce qui s’est passé. C’est ça surtout qu’il faut observer. Ce qui s’est passé, est-ce que je suis capable de le refaire.
Voilà une ambiance froide, le matin glacial d’hiver sur un plan d’eau. Vous pouvez refaire le même sujet en plein été à différentes saisons. Justement, c’est savoir donner sa propre interprétation d’un sujet. L’avant plan permet d’avoir de la profondeur, de créer des profondeurs.
C’est à vous seul de décider quand vous estimez que votre travail est terminé. Chacun avec son émotion, certains vont travailler plus dans la profondeur, d’autres plus simplement dans la gestuelle.
Vous voyez que c’est de l’ombre que vient la lumière. Mes pigments très sombres ont été placés très vites. Et c’est de toute cette gamme sombre que je vais aller tirer la lumière. S’il n’y a pas de contraste, il n’y a pas de vie. C’est le Yin, le Yang, le noir, le blanc et toutes les ombres qui sont possibles et qui se déclinent, qui vont former votre travail.
Voilà donc un travail sur châssis dans une ambiance froide. On peut faire la même chose et je vous le souhaite. Faites votre recherche, faites vos exercices dans différentes ambiances.
Manifestement, on est dans un univers de couleur froide.
Glacial.
Elle est magnifique ça c’est sûr, ça manifestement c’est évident. Mais là, elle est très froide. En manipulant ?
En mettant la dominante. Ce n’est pas le rouge qui a dominé, c’est le mauve.
Mais pourtant les couleurs sont présentes.
Et les couleurs sont présentes. Toutes les trois couleurs sont présentes mais l’accent était donné dans les tons froids.
Super, magnifique. A vous maintenant. Au travail.