---------- Introduction
Dominique,
A l’entrée d’un champ, on trouve quelque chose.
Alors c’est quoi ?
Des petits poteaux, des barricades, des petits fils de fer barbelé. Donc on va travailler ça dans l’humide donc savoir c’est un petit peu un condensé de tout ce qu’on avait vu jusqu’à présent, savoir à quel moment mettre les barrières, à quel moment on met les petits blancs, les petits feuillages, à quel moment mettre le graphisme tout en gardant un peu de lumière.
Et en fait, c’est la fusion de toutes les techniques qui se retrouvent dans un seul sujet et qui est propice avec pas mal de géométriques apportées par ces barrières-là et puis le reste, la nature c’est ton domaine de prédilection.
Oui, entre autres.
On y va.
---------- Démonstration
En se promenant dans la nature, je vous ai déjà appris qu’il fallait prendre ses propres croquis. Vous pouvez vous aider de vos propres photos si vous avez envie donc voici une photo qui peut me donner une impression. Mais je ne vais surtout pas reproduire la photo. Donc voici mon petit croquis de base donc pour lequel je vais peut-être m’évader aussi mais qui me servira de support visuel quand même. Donc j’ai fait mes petites recherches de couleur, j’ai fait des petites pochades et puis on y va.
On se fait plaisir. On va mouiller la feuille.
Comme d’habitude. Même geste
On peut la tremper dans l’évier évidemment.
Comme ça, juste là, il est intéressant. On rentre dans le sujet.
Oui. Ça permet de se concentrer, de rentrer dans votre peinture, d’oublier tout le reste. Vous pouvez le tremper dans la bassine pendant 5 – 10 minutes si vous voulez. Je vois qu’il y a une partie ici qui n’a pas été humidifié donc je recommence. Le mouillage du papier peut prendre parfois une demi-heure pour que l’eau puisse bien rentrer dans les fibres du papier. Quand on travaille les grands formats je veux dire, pas un petit format comme ça. On peut même attendre un peu avant de mettre la couleur pour que le papier ne soit pas inondé. Mais plus votre papier est humide, plus longtemps sera votre temps d’intervention.
Donc on a beaucoup parlé des puits de lumière. C’est très important pour guider le regard du spectateur dans votre travail. Ici donc, les couleurs que j’ai choisies c’est le jaune winsor, l’or vert, l’or quinacridone, le rose permanent, le bleu winsor rouge et le violet de pérylène. On a là deux quatre six couleurs. On reparlera bientôt du choix des couleurs parce qu’on a l’impression de n’avoir que 6 couleurs. Mais vous verrez qu’en réalité, vous en avez beaucoup plus. Je vous expliquerai ça sur une autre vidéo.
On y va. Au départ, on place les masses toujours en pensant à son sujet, au mouvement qu’on veut donner. Je ne vais pas partir de façon horizontale parce que je veux quelque chose qui bouge, une nature qui a du mouvement. Dès le début, je donne déjà une direction.
Donc sur mon pinceau, je n’ai pas mélangé mes couleurs sur ma palette. J’ai mis les trois couleurs que je voulais et elles se fondent d’elles-mêmes sur l’humidité du papier.
Elles cohabitent sur le pinceau.
Et ça permet à chaque couleur de garder une certaine personnalité. Le papier me guide uniquement pour tester l’hygrométrie de mon pinceau par rapport à l’hygrométrie de mon papier. Je pense à mon feuillage, je pense à tout ce qui se passe dans la nature. Je cherche un mouvement et je ne vais pas hésiter à balancer mes pigments. Voilà de riches sombres. Rien qu’avec deux couleurs, on obtient quand même de très beaux sombres qui sont importants pour justement mettre en valeur la lumière. C’est de l’ombre que vient la lumière.
Alors faire bouger les pigments. Il ne faut pas hésiter. C’est pour ça que la feuille est libre. On a une belle liberté, encore plus que le châssis parce que je n’ai pas envie de balancer mes pigments pour qu’ils se grisent. Je ne veux pas. Je garde l’endroit des pigments. Je les fais simplement fuser entre eux. Ne pas vouloir aller trop vite.
Alors, je vais assombrir avec mon bleu winsor rouge mon violet de pérylène et mon or quinacridone. J’assombris certains endroits, donner du corps. On va toujours de l’arrière-plan vers l’avant plan, ce qui permet de créer de la profondeur dans son travail. Alors patience patience. On observe le cycle de l’eau. Ici, on est encore tout à fait dans la phase miroir. Donc à ce stade-là, vous pouvez enlever de la couleur, rajouter de la couleur. Il n’y a aucun problème. On dit souvent que l’aquarelle ne permet aucun repentir. Mais l’aquarelle dans l’humide, si ça ne vous plait pas, vous passez votre aquarelle en dessous du robinet ou à certains endroits, vous remettez de l’eau et il n’y a pas de souci.
Donc le sujet c’est vraiment ce qui vient en dernier une fois que toutes les masses ont été placées. Parce que si vous le faites trop tôt, tout va disparaitre donc ça va flouter et c’est très bien pour l’arrière-plan mais plus vous vous rapprochez, le sujet doit être présent. Donc on patiente, on observe le cycle de l’eau.
Alors de la matière maintenant pâteuse, vraiment sortie du tube, va permettre d’avoir des parties du sujet qui vont rester plus ou moins en place. Ça va bouger un peu mais ça va quand même déjà se stabiliser. On voit que ça bouge. Les mouvements que vous donnez à votre pinceau sont fort importants, la direction que vous donnez à votre geste est très importante. Patience.
Alors vous savez que les côtés, c’est ce qui sèche toujours en premier. Donc à vous de voir s’il n’y a pas lieu déjà d’intervenir pour certaines petites ouvertures de lumière sur le bord extérieur de votre travail. Donc patience. A ce stade-là, la couleur va toujours reprendre son droit. L’eau va toujours de la partie la plus humide vers la moins humide donc ça donne du mouvement. Prenez du plaisir.
Alors quand c’est le bon moment, à vous de le juger par rapport à l’humidité de votre travail. Patience. On voudrait que ça sèche un peu. Patience, vous voyez que ça fuse, que ça bouge. Ça c’est le résultat de l’humidité du papier. Là ici, ça commence un petit peu à sécher. Observez s’il y a certain graphisme à faire à ce moment-là. Les petits feuillages vont pouvoir commencer à apparaitre à certains endroits. Et c’est à partir de tous ces fonds colorés que vous allez créer vos petits graphismes de feuillage si vous avez envie. Vous pouvez très bien le laisser comme ça, ça peut être très joli comme ça. A vous de donner votre propre représentation de cette nature.
Donc on ouvre des blancs bien sûr. Mais la lumière, ce n’est pas forcément du blanc. Vous pouvez remettre de la matière dedans. Ça c’est le pinceau que j’appelle le pinceau arracheur que je n’aime pas forcément employer mais qui permet d’ouvrir le blanc un petit peu plus rapidement mais qui, si on l’emploie trop tôt, va user le papier. C’est trop tôt. Vous voyez, ça disparait donc il faut patienter. Alors dans votre gestuelle, il ne faut surtout pas être systématique, pas toujours faire le même geste. Là, ce sont des auréoles volontaires qui vont travailler. Il n’y a pas que moi qui travaille. Il sait faire les choses. Alors qu’ici, on a encore une grosse humidité, il faut qu’on patiente.
Tout ça va bouger. Donc c’est un nouveau cycle d’eau à ces endroits-là qui commence. Je vais m’occuper maintenant du graphisme des petites barrières. Celle-là est déjà … Ici, on a encore un peu d’humidité. Elles étaient plus ou moins présentes donc je vais la marquer un petit peu plus donc mes petites barrières un peu de travers. Donc plus votre papier va sécher, plus votre graphisme va être présent. Patience.
Observez ce qui se passe, observez le travail de l’eau. Quand vous faites une auréole volontaire donc quand vous mettez un petit point d’eau, dirigez cette eau. Alors, à un moment donné, quand le papier commence vraiment à rentrer dans le mat sec, il faut faire attention que les traits que vous allez faire ne soient pas trop présents et ne soient plus en accord avec le restant qui est un peu plus flou. Je vais juste faire quelques petites graminées ici. Alors en plan. Je vais terminer là, c’est bon.
C’est tout frais, c’est magnifique. On est à la fin du cycle, ça s’appelle comment ?
Oui, le mat sec. C’est le sec.
Oui. C’est superbe. Cette lumière.
C’est le puits de lumière.
Tu le respectes et puisque tu fais réapparaitre autour toute la profondeur.
N’oubliez jamais que c’est de l’ombre que viendra la lumière.
Oui, c’est ce que tu disais au début.
S’il n’y a pas de contraste, il n’y a pas de vie.
Il n’y a pas de lumière sans ombre. Dans la vie, je ne sais pas mais en aquarelle, ça c’est certain.
Merci à vous.
Prenez bien du plaisir.
Vous téléchargez les esquisses de Dominique, le résultat final et puis. Amusez-vous en suivant le travail de l’artiste.