---------- Introduction
Dominique, tu nous offres une série sur les ciels. Je n’ai pas le droit de dire les cieux, on dit des ciels. Bien sûr parce que le ciel c’est magique.
C’est magique. Observez ce qui se passe au-dessus de votre tête. Prenez des croquis
Photos, donc on va partir sur une photo perso que tu as prises toi-même. Vous allez voir en gros plan et puis vous pourrez télécharger, rechercher des couleurs, esquisse, recherche de matière, recherche d’émotion et puis après ben lâchez-prise. Mais dans la technique que moi je vous propose donc humide sur humide, la difficulté n’est pas d’ordre technique. Elle est d’ordre émotionnel.
Oui mais c’est un mélange.
Sensation, c’est un mélange, une liberté éduquée.
On y va. Allez, éduque-nous.
---------- Démonstration
Alors Dominique comme d’habitude tu nous présentes le matériel.
Donc les couleurs que je vais employer aujourd’hui pour un ciel d’été matinal, le ciel du nord c’est le bleu de cobalt, le bleu outremer, le bleu winsor vert, la terre d’ombre naturelle et une petite pointe de carmin pour former nos gris colorés.
D’accord.
Je vais vous expliquer tout à l’heure.
Maintenant les pinceaux.
Alors le pinceau voilà le spalter qui est super simple, classique, le petit gris, le pinceau avec des petites coupures qui est intéressant pour faire certain graphisme, et les deux pinceaux kolinsky martre pour leur dynamisme pour sculpter dans la matière. Matériel simple. J’ai mis une petite colonne masquage autour pour voilà pour cadrer une fois que vous aurez fini, on ne sait jamais que vous fassiez je vous le souhaite un beau chef d’œuvre. Pour travailler le ciel, il faut observer ce qui se passe au-dessus de votre tête évidemment. Toutes les ambiances doivent essayer d’être captées donc c’est une histoire … quand on travaille dans le grand humide comme moi, la difficulté n’est pas d’ordre technique. La technique, elle va être assimilée un peu à la fois mais c’est surtout une histoire d’émotion, de sensation. Donc ici, patience pour savoir ce que vous allez essayer de rendre l’âme de votre ciel.
Je mouille ma feuille. Vous pouvez la mouiller dans la bassine pendant 5/6 minutes si vous voulez. Ici, pour la rapidité de la vidéo, je ne mouille qu’un seul côté. Mon papier est miroir, la surface est très humide. Donc c’est le moment dans cette étape du cycle de l’eau de placer vos valeurs. Donc je vais commencer pour mon ciel d’été matinal par placer mon bleu de cobalt et mon bleu d’outremer mais je ne vais pas garder de blanc en réserve puisque mon papier est totalement humide.
Qu’est-ce que je vais faire ? Je ne vais pas les mettre les couleurs les plus fortes de mon ciel là où évidemment il y aura les nuages blancs. Dans le cycle de l’eau, quand vous allez balancer évidemment, la couleur va vouloir aller là où vous n’avez pas envie forcément. Donc par retrait, vous allez rouvrir après les nuages mais au départ, on fait attention quand même au sens de votre … dès le départ de la pose, je donne le mouvement, dès le départ vous pensez au mouvement que vous voulez donner et aux sensations. N’ayez pas peur des couleurs. Tant que votre papier est mouillé, bien mouillé, vous pouvez ajouter de la couleur, enlever de la couleur, tout est possible tant qu’on est dans la surface miroir.
Donc ici, pour assombrir un tout petit peu, qu’est-ce que j’ai mis pour former mes gris ? Je prends mon bleu de cobalt, je prends mon carmin, une petite pointe de terre d’ombre naturelle et je forme ainsi des gris, des gris à tendance un peu mauve brunâtre. Faites des exercices le plus possible pour vraiment trouver ces sensations pour former vos gris colorés qui sont très importants dans l’aquarelle dans tous travaux de peinture de toute façon.
De l’ombre viendra la lumière. Quand vous allez former vos ombres, vous allez déjà penser à l’endroit où sera votre pluie de lumières. Je balance, je fais fuser les pigments, j’observe, je ne suis pas trop pressée. Patience patience, vous le savez.
Tu nous le répètes à chaque fois.
Je le répète toujours mais c’est vraiment la base de l’aquarelle dans l’humide. C’est à la fois un jeu d’énergie et de retenue. Ayez de l’amplitude dans vos gestes, ne retenez pas votre respiration.
Tu le fais à la martre kolinsky.
Oui, un pinceau un peu plus graphique, plus nerveux.
Alors ne soyez pas focalisé sur votre photo ou votre croquis mais laissez aller votre énergie. Et un peu à la fois, vous allez arriver à capter directement la sensation que vous avez envie de rendre à votre travail. Alors bien pomper les côtés parce que tous ces côtés-là qui s’agglutinent vont faire des auréoles sur votre travail. Et les auréoles sont toujours belles quand elles sont volontaires mais c’est aussi pour ça qu’on aime l’aquarelle. C’est pour tous ces petits accidents dont il faut tirer partie parfois et qui sont la beauté de la vie de l’aquarelle. Alors patience patience.
Alors vous voyez que cette partie-là est encore très humide alors que celle-ci commence à sécher. Je n’ai pas envie qu’elle sèche si vite, et bien je continue, je ré humidifie à certains endroits pour continuer mon cycle d’eau. La vie d’une peinture vient des contrastes, des chauds des froids, des valeurs sombres et des valeurs claires. Alors à vous seul de décider à quel moment votre travail vous semble abouti. Ça, personne ne peut le dire à votre place.
C’est déjà magnifique mais est ce que c’est ce que tu as en tête ?
Alors est-ce que c’est ce que j’ai en tête ? Moi, je travaille mes ciels jusqu’à ce que j’en ai un qui me fasse vibrer. Je peux travailler tout une journée les ciels et rien ne sortira peut être alors que parfois en 5 mn, même pas, je peux en sortir un super. Qu’est-ce qui fait que l’émotion du moment. Patience patience.
Alors pourquoi j’incline comme ceci ?
Oui, j’allais te le demander.
Parce que je ne veux pas que la couleur aille dans cette partie très claire.
D’accord.
Que si je balance dans tous les sens, il y aura un creux. La couleur va vouloir aller là. Et comme il y a des parties plus humides que d’autres, donc ici, on est encore dans une surface miroir. Alors là, on est dans … le papier ne brille plus. On est dans le mat frais. Donc ces différentes hygrométries vont créer des auréoles que je n’ai pas envie de forcément d’avoir. Alors vous voyez que cette partie-là est très humide, c’est encore une surface miroir. Ici voilà, je peux commencer à tout doucement travailler dans la matière si j’en ai envie évidemment. Donc là, je patiente. Ici, il y a des choses intéressantes qui se passent rien que parce que les gouttes ont travaillé. Je trouve ça intéressant. Je vais le laisser même peut être l’accentuer, lui donner encore plus de corps. Donc observez toujours ce qui se passe pour pouvoir refaire ce qui se passe indépendamment de votre volonté. Vous pouvez le recréer si vous avez compris ce que vous voulez faire, si vous avez observé ces instants magiques.
Donc, je dis toujours que l’aquarelle dans l’humide c’est une liberté éduquée. Donc vous avez appris des choses et vous vous en libérez pour laisser libre cours à l’âme de votre travail. Alors attention ici, des auréoles. Vous voyez que ça forme des auréoles. Pompez pompez. Alors surtout n’ayez pas d’interdit. Si vous voulez former des nuages en tapotant, pourquoi pas. Chacun doit trouver une expression qui lui convient. Moi, j’aime travailler rien que moi et mon pinceau. Patience.
Vous voyez ce pinceau ici qui a des petits poils très distants l’un de l’autre donc c’est comme si on l’avait taillé. Ce pinceau vous permet de donner des petits effets de mouvement dans votre ciel. J’étire l’eau. On a parfois l’impression que rien ne se passe mais des choses se passent quand même. Observez, prenez le temps d’observer. Plus vous observez le ciel, plus vous découvririez des couleurs que vous n’imaginiez même pas, des verts, des rouges, des orangés profonds parfois.
Parfois il ne faut pas trop en dire, simplement laisser faire les choses. Parfois il faut au contraire accentuer certaines choses, donc histoire de sensation et d’amé de l’aquarelle.
C’est magnifique.
Regardez le beau bleu gris coloré qui se forme presque tout seul. Je n’ai pas envie d’y toucher. J’ai envie de laisser ça tranquille. Pas trop humide. Là c’est trop humide mais ça va se noyer dans le reste. Vous mettez votre signature. Même si c’est un travail qui va aller à la poubelle, vous apprendrez ainsi, je vous l’ai déjà dit, à calligraphier, à placer, à prendre possession de votre travail et à dire, voilà c’est le mien même s’il n’est pas beau. Mais vous apprendrez à faire et vous libérez également dans le travail graphique de votre écriture, de votre signature. On va le laisser poser comme ça.
Il est à l’endroit, c’est bon.
Sinon on l’aurait retourné. Donc si vous le voyez, c’est que je ne me suis pas trompé.
Faites ça plusieurs donc avec les mêmes couleurs, vous allez essayer de trouver des ambiances différentes. Vous aurez plus de bleu saturé, vous aurez plus de gris coloré. Jouez avec ça jusqu’à ce que vous avez un ciel qui vous convienne.
Apaisez si vous êtes apaisé, puis tourmentez et plus préparant.
Ici, c’était un ciel d’été donc un beau ciel bleu où il se passe des chose quand même.
Il se passe des choses. Il y a de l’énergie quand même.
Chez moi, il se passe toujours quelque chose.
Super à vous. Vous avez tous les gestes magnifiques et magiques de Dominique, les esquisses, la photo d’origine et puis le travail final.
Et faites-vous plaisir.
A vous maintenant.