Nicolas, tu vas nous parler de Camille Claudel.
C’est une grande passion Camille Claudel.
Alors, on organise ça en deux parties. Là, tu vas nous parler des années Rodin.
Les années Rodin pour commencer qui vont l’occuper une dizaine d’années. Et on verra l’après Rodin, quelque chose de complètement différent qui suit la rupture sentimentale.
D’accord. Donc là, on est dans les dix années qu’elle va partager avec lui ?
Une dizaine d’années. Elle arrive à Paris, elle entre dans l’atelier de Rodin, ils partagent tout, c’est un moment de bonheur.
On est dans quelle époque-là ?
On est dans les années 1880.
Camille Claudel a une vingtaine d’années. Elle arrive à Paris et elle va rencontrer Rodin. Et là, commence la collaboration qui est un très bon moment de partage.
Ils travaillent ensemble sur les mêmes œuvres.
Ils travaillent sur les mêmes œuvres dans cet atelier où travailleront également d’autres grands sculpteurs comme François Pompon, les Frères Schnegg et quelques autres artistes. Mais, c’est vrai qu’elle acquiert immédiatement un statut particulier. Elle est l’élève préféré. Rodin est fasciné. Elle devient amoureuse de Rodin.
Alors, la première œuvre qu’on va regarder ensemble si tu veux bien.
Oui, dis-nous.
C’est un portrait de son frère Paul. Camille Claudel est l’ainée. Il y a trois enfants dans la famille Claudel. Et je dirai même qu’il y en a eu un premier avant elle. J’en parlerai peut-être dans la deuxième partie de la deuxième vidéo.
OK maitre, on te suit.
Donc Paul, c’est son jeune frère de quelques années plus jeune avec lequel elle entretient une relation dans l’enfance qui est assez forte. C’est presque pour Paul un amour platonique. Et quand on voit plusieurs fois Camille faire le portrait de Paul comme ici, on le voit en jeune romain, un peu l’allure de la toge, cette noblesse classique.
On le sent comme ça aussi.
Exactement. Elle est très cultivée. Elle regarde beaucoup, elle lit beaucoup avec Paul dès l’enfance. Et là, on retrouve la grande statuette gréco-romaine de l’antiquité. Cette relation avec Paul effectivement va être très belle durant les premières années parisiennes puisque Paul fera de très belles études au collège. Qu’il deviendra également très rapidement un brillant écrivain au même moment où Camille commence à avoir ses premiers succès artistiques en sculpture. Et Paul également devient ambassadeur diplomate.
Belle famille quand même.
Oui, très belle famille. Et donc le temps des vingt ans, ils sont jeunes, ils ont du succès et une très belle correspondance d’ailleurs qu’on peut encore lire aujourd’hui permet de voir les deux qui partagent leur réussite respective. Mais je dirai presque déjà que Paul est possessif. Il est jaloux de Rodin qui en quelque sorte lui vole sa sœur. Et ça se passera d’ailleurs un peu mal entre les artistes. Paul écrira des choses très dures sur Rodin, sans être objectif du tout, alors qu’il encensera Camille Claudel dans presque tous ses écrits.
D’accord, OK, c’est clair.
On verra plusieurs portraits du frère Paul par Camille Claudel. Mais à chaque fois effectivement, tu auras l’occasion de remarquer, les plus beaux portraits qu’elle fait parce que c’est surtout une portraitiste Camille Claudel en sculpture. Ce sont les personnes qu’elle aime qu’elle admire le plus. Et Paul, je pense que c’est le plus bel exemple. On n’a pas choisi de montrer le portrait de sa sœur puisqu’elle a eu également une plus jeune sœur Louise, qu’elle considère un peu comme une bourgeoise. Elle va mener une vie traditionnelle. Elle va se marier, avoir des enfants. Et le portrait qu’elle montre de sa sœur est beaucoup moins inspiré et beaucoup plus traditionnel, je dirai même un peu passéiste. On a l’impression d’avoir une sculpture du XVIIIème siècle. On n’est pas du tout dans l’art moderne.
C’est vrai, OK. Ensuite ?
Un autre portrait évidemment on en parle à l’instant, Auguste Rodin.
Omniprésent dans son travail.
Et c’est un portrait qu’elle réalise au début de leur rencontre. Et d’ailleurs ce portrait, on le montre souvent dans les expositions Rodin comme le buste officiel du maître. Elle est entrée stylistiquement dans la même manière de faire que l’artiste, ce style très réaliste avec cette barbe assez spectaculaire. Il a déjà 45 ans quand elle a une vingtaine d’années. C’est une relation amoureuse qui est cachée, à la famille.
Cachée donc ils ont une relation amoureuse ?
Tout à fait. Alors la rencontre au départ entre les deux se fait par accident. Elle va rencontrer Rodin par accident. Au départ, elle est interdite d’entrée à l’école des Beaux-Arts puisqu’elle est une femme. Et qu’on ne fait pas de modèles nus quand il y a des élèves femmes, une question de pudeur. Et donc, elle est dans une académie libre où il y a un grand sculpteur, c’est Alfred Boucher. Alfred Boucher, son papa déjà l’avait rencontré quand elle avait quinze ans pour montrer ce que faisait sa fille, pour savoir si elle avait du talent. Et Boucher lui avait d’ailleurs conseillé de monter à Paris, ce qu’elle va faire d’ailleurs. Donc elle arrive à Paris.
Elle le retrouve.
Elle retrouve Boucher exactement, elle entre dans son atelier, dans son académie plus précisément où il y a beaucoup de jeunes femmes artistes. Mais seulement, Alfred Boucher devient prix de Rome. Il doit donc partir en Italie. La place est libre. Un nouveau remplaçant arrive pour apprendre la sculpture à ces jeunes artistes. Et ce sera Auguste Rodin.
Ah, c’est Rodin.
Et là, la rencontre est c’est presque comme une sorte de coup de foudre, et artistique et humain. Alors la légende dit que Rodin lui aurait donné un bloc de pierre et qu’elle est revenue quelque temps plus tard en ayant taillé un superbe pied, une des parties de l’anatomie les plus ingrates à travailler. Et là, eh bien c’est le moment où il y a un artiste Français, Rodin, qui est une grande star de l’art. Rodin a eu des difficultés au début de sa carrière. Par contre là, il est auréolé de commandes et de succès.
De son vivant ?
Dès cette époque. Au début d’années 1880, c’est le moment de la commande des bourgeois de Calais.
C’est une star.
Voilà, la porte de l’enfer également. Beaucoup de travail et donc il a besoin de beaucoup de praticiens. Rodin va parler de praticiens. Il dit : « je ne forme pas d’élève, j’ai besoin de praticien ». Et lui entre guillemets s’en fiche qu’elle soit une femme. Lui, ce qu’il veut, ce sont les meilleurs. Et très vite, il sent ce talent. Et ça va se retrouver sur de nombreuses années, sur de nombreuses œuvres où finalement, les deux sont si proches l’un de l’autre qu’il est parfois dur de savoir qui a fait tel œuvre. Encore aujourd’hui, les spécialistes peuvent se tromper parce que c’est un peu le cas dans la pratique de l’atelier où tout est collectif. Il n’y a pas de copyright, il n’y a rien de complètement personnel, tout est partagé. Et donc une étude d’une composition par Rodin peut influencer Camille pour une œuvre personnelle. Elle continue son propre travail tout en travaillant pour Rodin. Son père lui dit déjà : « méfies-toi, tu travailles trop pour Rodin. Il faudrait peut-être un peu penser à ta carrière ». Alors, je pense qu’on peut sincèrement séparer leur relation sur deux plans : le plan de la sculpture et ensuite, c’est ce qu’on verra dans la deuxième vidéo, la relation amoureuse qui leur appartient.
Sur le plan de l’art, je pense sincèrement qu’il y a un bel échange, une réciprocité. On peut dire du gagnant-gagnant. On a souvent eu un peu des caricatures très raccourcies, souvent venant d’ailleurs du féminisme. C’est très bien. Le féminisme a remis en lumière Camille Claudel mais en flagrant systématiquement Rodin, en disant qu’il avait tout pris d’elle et que c’est elle qui l’avait fait. Bon, c’est beaucoup plus subtil que ça je pense. Il faut imaginer qu’effectivement, je reviens sur la question de la femme. Etre une femme artiste, surtout dans la sculpture, métier très physique. L’atelier de Rodin lui a donné une formidable médiatisation, une ouverture. Elle expose grâce à lui, il l’aide financièrement. Elle n’est pas autonome financièrement alors les parents aident bien sûr, mais Rodin également. Donc, c’est là où elle voit poser des modèles. C’est là où elle voit toutes les techniques, le modèle qui pose, le tailleur de pierre, l’agrandisseur, enfin toutes les étapes, le processus avant d’arriver à l’œuvre finale. Donc, ça c’est effectivement quelque chose de très formateur. Camille n’aurait pas été ce qu’elle est, ce qu’elle est devenue, sans la rencontre de Rodin. Ça aussi c’est à dire peut être.
Ok, ça y est, c’est dit, c’est bon.
Alors Rodin, d’ailleurs on vient de regarder le portrait qu’elle fait de lui, elle-même Rodin fera son portait dans des magnifiques œuvres où on sent effectivement qu’elle est l’héroïne de sa vie au quotidien, dans l’intimité mais également dans les plus belles œuvres d’art. C’est le couple artistique le plus médiatique de l’époque. L’œuvre suivante qu’on va regarder ensemble maintenant, c’est ce plâtre de ce nu féminin accroupi. Et là, il y a quelque chose de très inspiré par Rodin, dans son travail. Rodin, si on se souvient, c’est un artiste très moderne, tellement moderne qu’il est refusé aux Beaux-Arts trois fois. Et bien pourtant, celui-là même qui est refusé aux Beaux-Arts, adorait l’art antique, les fragments de l’art grec, de l’art romain. Je pense à la Vénus de Milo, la victoire de Samothrace. Et, on les aime ces œuvres, elles sont universelles pourtant elles sont fragmentées. Et Rodin disait, qu’il voulait faire du fragment moderne. On sent, on est fin XIXème siècle. Et donc, on est dans l’esprit du courant artistique symboliste. Et l’idée souvent comme en littérature d’ailleurs sera le goût du mystère, de l’étrange, l’inachèvement. Et donner à voir une figure incomplète, c’est aussi laisser la liberté.
L’imagination, la liberté
Voilà, de celui qui regarde. Alors Rodin en plus a une manière particulière dans l’atelier. Le modèle ne pose pas statique, soyez toujours en mouvement. Il va capter le mouvement, toujours, avec des silhouettes, des croquis très constructifs. Et quand il a fait tout le tour de la figure, là il peut passer au modelage. Et c’est cette idée du mouvement qu’elle va aussi prendre chez Rodin. Tu noteras d’ailleurs, on en parlera un peu plus tard tout à l’heure, ils n’ont pas la même manière de décrire le mouvement. Chez Rodin, c’est un mouvement en continu qui ne s’arrête jamais. Je prends l’exemple des bourgeois de Calais Ils marchent. Camille Claudel va fixer le mouvement à un moment très particulier créant une certaine tension. On verra dans d’autres œuvres un peu plus de groupe de personnages tout à l’heure si tu veux. Donc effectivement cette œuvre, elle est d’inspiration aussi Rodinienne on peut dire. C’est le premier à pratiquer, je veux dire de manière un peu brutale, l’amputation. Je dis amputation parce qu’effectivement, la critique est parfois très dure. De voir une œuvre qui est un morceau de corps, Rodin torture les corps. Il fait poser les modèles dans des attitudes qui sont anticlassiques et parfois très déroutantes.
Et douloureuse j’imagine pour le modèle enfin difficile à tenir.
Tout à fait. Il choisit parfois des modèles ingrats. Il faut se souvenir de buste de femme d’un âge mûr ou d’un physique qui n’est pas celui qu’on dira aujourd’hui un top model. Ce ne sont pas des jeunes et jolies jeunes femmes parfois. Mais c’est dans le jeu d’expressivité du corps de chercher vers une autre beauté. Alors ici, effectivement, on va regarder une très belle œuvre de Camille Claudel.
Ici, on voit un couple, et non je te confirme elle est bien de Camille Claudel. Ça s’appelle Sakountala. Sakountala, c’est d’après un poète indou. Le poète indou Kâlidâsa avait écrit un texte qu’on connait encore assez bien aujourd’hui. Et là, tu vas voir que déjà, le journal intime ou en tout cas l’autobiographie fonctionne chez elle, dans ses œuvres. C’est un prince Dushyanta qui tombe amoureux d’une jeune femme lorsqu’il est parti à la chasse. Ils vont connaître l’amour et puis se séparer. Et le prince subit un mauvais sort : il oublie, il perd la mémoire, et il ne reconnait plus sa bien-aimée. Celle-ci est éplorée et finalement, comme dans beaucoup de contes un peu fantastiques, il recouvre la mémoire. Et c’est le moment des retrouvailles très belles, c’est un peu l’instant du nirvana, où il se jette à ses pieds et lui demande pardon. Je dirais que c’est un peu la symétrique inversée du baiser de Rodin où là, on a une œuvre on va dire très masculine, en tout cas.
Forte, très forte.
C’est l’homme qui prend les choses en main. Ici, on voit qu’elle met l’homme à ses pieds. Ça aussi, c’est une manière qui montre aussi déjà son caractère. C’est quelqu’un, certainement on le sait, les psychiatres en parlent très bien dans leurs écrits, Camille Claudel est quelqu’un qui dans sa vie a manqué d’amour notamment au sein de sa famille. Et là, on en reparlera un peu tout à l’heure, pas pour parler de l’intimité uniquement, mais parce que c’est très éclairant par rapport à son œuvre d’art. Et pour essayer de comprendre qui elle était. Et donc là effectivement, elle est enserrée par ce prince dans une œuvre d’une grande sensualité. Cette œuvre est exposée, elle plait. L’Etat est prêt à l’acheter. Mais ce qui choque, c’est le nu. Alors effectivement, le nu, elle est très bien pour un artiste masculin. Par contre, on trouvait ça complètement indécent venant d’une artiste qui était une femme. Et là, l’œuvre sera énormément critiquée par des esprits peut-être un peu plus conservateurs. Mais déjà, elle a des grands admirateurs qui sont dans le monde de l’art fascinés par le vent de nouveauté qu’elle fait souffler dans le milieu. Ici, tu vois qu’on regarde un arbre de cette sculpture, ce qui est très rare. Camille Claudel aura, et ça c’est un de ses drames également, très peu de commande ou trop tard. Et donc financièrement, c’est un casse-tête. Le sculpteur jamais n’anticipe en achetant le matériel sans avoir au préalable eu la commande. Ce qui est plus facile pour un peintre qui peut, avec deux ou trois sous, s’acheter un peu de matériel.
Oui, bien sûr.
Faire l’œuvre et la vendre plus tard ou pas d’ailleurs. Ce n’est pas parce Van Gogh n’a jamais vendu de son vivant qu’il n’a jamais peint. La sculpture, c’est complètement différent. Donc ici, on a une très belle œuvre en marbre qui est un des rares exemples dans cette technique chez Camille Claude. Parce que la grande différence aussi, après on peut les opposer pour les comparer sans hiérarchiser si on préfère l’un ou l’autre, mais Camille Claudel est un tailleur de pierre d’un formidable talent. Rodin est un modeleur, un très bon modeleur, mais j’ai envie de dire qu’il ne reste qu’à l’état du modelage. On peut ajouter ou enlever de la matière quand on travaille la terre. Par contre le marbre, c’est sans filet. On n’a pas droit à l’erreur. Et seuls les plus grands artistes sont capables de pratiquer cela. C’est aussi un défouloir pour elle. Quand elle taille dans un bloc de marbre, physiquement, ça lui permet d’évacuer un certain trop-plein de pression.
Alors, on va continuer avec l’une de mes œuvres préférées. C’est la valse, la fameuse valse. Cette œuvre qui alors on la voit en bronze, c’est bien, on aura l’occasion un petit peu de parler des techniques de la sculpture en même temps. Effectivement, il y a eu des éditions, de son vivant, en bronze mais également lors de la redécouverte dans les années 80, à titre posthume. La question était qu’il y avait des j’allais dire terres ou des plâtres en souffrance très fragilisées. Si on ne faisait rien, elles risquaient de disparaître. Donc avec beaucoup de déontologie, il a été décidé de faire des empreintes et de tirer à plusieurs exemplaires certains de ses œuvres. Et cette valse d’ailleurs existe en plusieurs versions avec différentes patines : patine dorée, patine verte, patine brune.
Et un bronze après ça se garde.
Voilà, l’œuvre reste dans le temps. Et cette œuvre, elle est d’une sensualité. Ce couple des valseurs qui tangue, c’est un petit peu aussi cette relation amoureuse quand je te parlais d’être serré dans les bras de celui qu’elle aime. C’est une œuvre magnifique. On est complètement dans l’esprit du mouvement fin XIXème, l’art nouveau. Elle est amie de Lucie, de grands musiciens, quand on regarde le bas de la composition. Ça c’est incroyable. On a ce tumulte de plissé des temps, quelque chose de très abstrait, en même temps de très proche du style de Rodin. Rodin a une œuvre assez, je dirais presque volcanique dans le traitement de la surface. Et ce qui est absolument moderne, c’est ce porte-à-faux, l’oblique dans la composition de ses sculptures. Je crois que techniquement, elle a dû renforcer avec du poids à la base pour éviter tout simplement que la sculpture ne tombe. Quand on regarde la sculpture de cette époque-là parce qu’il faut se replonger dans l’époque aussi pour comparer un petit peu, l’atelier de Rodin effectivement, quand je parlais d’un vent nouveau qui souffle ici dans les drapés aussi, la sculpture est restée traditionnelle très longtemps. Contrairement à la peinture à la même époque, on a eu les impressionnistes, on a eu les symbolistes, on a eu les nabis alors que la sculpture reste encore très académique.
C’est l’inertie ça, c’est la technique tellement le poids de la technique est important.
La statue, ça me fait penser au statisme, le modèle pour aller vite des statuts colonnes à l’entrée des cathédrales. Et là effectivement, il y a quelque chose de très sensuel et encore une fois de trop sensuel. L’Etat était prêt à faire la commande. Et c’est là où elle aura souvent des déceptions. L’Etat fait un premier pas et ensuite finalement revient en arrière parce que ce couple, il est nu et les deux sexes sont trop collés l’un à l’autre. Et le directeur des Beaux-Arts qui est là pour signer les contrats de la commande dans son atelier, vient lui dire gentiment et il la prévient, la commande, ça ne passera pas si vous ne rajoutez pas un peu de drapé.
C’est sur la base d’une esquisse, d’un modèle.
Voilà, c’est ça. C’est sur une petite étude en tête où là effectivement, toute l’audace y était déjà. Et donc c’est aussi son drame, elle ne sait pas faire de concession. Il lui aurait suffi de rajouter un peu de drapé comme il le lui a demandé aux bonnes parties c’est-à-dire aux parties sexuées. Elle, elle va plutôt jouer sur la draperie dans le bas de la composition. Et dans certaines versions, elle rajoute même un voile au-dessus de la tête des personnages. Mais elle refuse de se faire dicter comment sera le couple c’est-à-dire étroitement collé l’un à l’autre. Et donc, magnifique succès mais scandale et refus encore une fois. Ce n’est pas parce qu’elle a de belles critiques qu’elle arrive à en vivre.
C’est triste.
C’est triste effectivement. Certains qui connaissent la suite de son œuvre, on peut remarquer qu’elle penche énormément comme on disait. On se dit mais si le valseur lui lâche la main, elle se casse la figure. Et c’est tout à fait ce qui va lui arriver finalement. Et ça, c’est ce qu’on verra dans la deuxième partie.
C’est presque une bonne connexion.
Avec ce que j’ai appelé la chronique d’une femme en C ou la chute qu’on verra d’ailleurs illustrée dans les œuvres à venir qui seront beaucoup plus violents.
Très bien. On y va très bientôt pour la suite. C’est comme un roman, tu me racontes cette vie-là comme un roman.
Quand on regarde l’œuvre, on entre dans sa vie privée. C’est contextualiser l’œuvre. C’est ça qui est passionnant si je peux avant de conclure. Elle arrive à traiter tous les thèmes de l’art et de la vie mais avec chaque fois quelque chose d’elle-même à ajouter qui rend l’œuvre très attachante.
Très bien. On se retrouve très bientôt avec Nicolas, pour la suite de cette vie d’exception de Camille Claudel