Les techniques utilisées par Picasso pour exprimer son art
Dans les années 10, Picasso avait réalisé beaucoup de natures mortes c’est-à-dire des compositions où il insère différentes matières ordinaires. Dans cette nature morte à la chaise cannée par exemple, le cadre est une corde, un vulgaire matériau détourné de son premier usage pour être anobli.
Avec Picasso sculpteur, l’art prend du poids et du volume. Il utilise pour ce portrait de Fernande Olivier un modelage de plâtre, la technique la moins difficile puisqu’il est toujours possible de corriger et de reprendre. La sculpture lui a permis de démultiplier son œuvre et ses éditions.
Très curieux de nature, Picasso s’intéresse au travail des autres artistes ou artisans au quotidien. Et la transition s’opère entre un artiste des beaux-arts et les artisans des arts appliqués. Un gros vase oiseau est né en 1945 suite à sa visite chez un potier dénommé Madoura. C’est un objet traditionnel reconnaissable par son piètrement, son bec verseur, ses deux anses et sa forme de jarre à l’ancienne. Le plus intéressant est que Picasso a su donner une autre existence à cette vase grâce à la peinture. Dès qu’il a eu l’objet sous les yeux, sa créativité lui a permis de le transfigurer, de le métamorphoser. Le visage se trouvant sur la partie centrale est dessiné selon la technique de la gravure.
Un jour où Picasso était dans sa maison dans le Sud de la France en train de déjeuner avec des amis, la création était en permanence dans son esprit. Pendant qu’il était en train de manger du poisson, une idée s’élaborait dans son esprit. Il écrasait l’arête dans un morceau de terre fraîche pour obtenir son empreinte. Cette anecdote a donné naissance au principe de l’estompe ou de l’empreinte en creux.
En travaillant la gravure en creux c’est-à-dire en contre-volume, Picasso s’est lancé dans le ready made. C’est une technique artistique née au début du 20e siècle, en pleine période de consommation de masse. Marcel Duchamp, parmi les pionniers de cette discipline, a fait scandale en 1913 à New-York en exposant dans une galerie d’art le fameux urinoir dénommé Fontaine qu’il avait acheté au BHV. Dans sa démarche, Picasso associe deux éléments : une selle de vélo de course en guise de tête de taureau, sa marque de fabrique, et un guidon.
Il continue à explorer les matériaux les plus modestes comme les plus nobles. Sa rencontre avec un orfèvre est enrichissante. Si ce dernier est le technicien, Picasso lui prend la place du designer et monte le projet sur papier. Le résultat est magnifique comme le montre cette œuvre : Jacqueline au chevalet. Le métal brille et montre la femme se regardant dans le miroir.
C’est après sa visite chez le dentiste que Picasso s’est mis à travailler l’or. Il a utilisé cette matière très noble pour fabriquer des bijoux. Ces broches sont des objets admirables et très intimes. Il les a offerts aux femmes qu’il a séduites dans son entourage. Du fait de sa passion pour la gent féminine, il aime offrir de belles choses à celle qu’il veut conquérir. C’est dans un esprit désinvolte qu’il ramasse un galet sur la plage et le transforme en œuvre d’art à accrocher au cou de la belle dame.
Picasso n’a aucune frontière dans son travail. Il a aimé les arts du spectacle et s’est lié d’amitié avec Jean Cocteau, le metteur en scène, avec Diaghilev, l’impresario des ballets russes. Dans cet art pictural, le rideau de scène pour le ballet parade, il se plonge avec bonheur dans de multiples techniques en dessinant tous les costumes du spectacle et le décor.
Et c’est la fin de cette séquence sur les techniques artistiques réalisées par Picasso en complément de son art pictural.